Translations of “Who killed Yevgeny Prigozhin?”

Translations below into French (Youri) and German (Andreas Mylaeus)

Qui a tué Evgueni Prigojine ?

Hier, j’ai fait partie d’une demi-douzaine d’experts de la Russie et des affaires internationales qui ont été interviewés en direct sur la chaîne de télévision indienne WION, dans le cadre de la vaste couverture par la chaîne de la mort dans un accident d’avion du propriétaire du groupe Wagner, Evgueni Prigojine. Un grand nombre de ces entretiens ont été publiés sur Internet. On m’informe maintenant que cette interview sera diffusée plus tard dans la journée et sera disponible sur Internet demain. Lorsqu’elle sera diffusée, je joindrai le lien ci-dessous.

Si j’écris aujourd’hui, c’est pour attirer l’attention sur le raisonnement qui a guidé le reportage de WION sur Prigojine, à savoir l’hypothèse selon laquelle le président russe Vladimir Poutine était derrière l’assassinat de Prigojine. Cela découle de la logique (?) exprimée brièvement par le président américain Joe Biden lorsque des journalistes lui ont demandé sa réaction à la mort de Prigojine. Joe a déclaré : « Il ne se passe pas grand-chose en Russie sans que Vladimir Poutine n’y soit impliqué ». Il ressort également de la logique du présentateur de WION que tous ceux qui ont croisé Poutine ont connu une fin malheureuse.

En attribuant à Poutine la responsabilité de l’assassinat, WION s’est aligné sur l’écrasante majorité des grands médias occidentaux. Les tabloïds du Royaume-Uni, d’Allemagne et d’ailleurs ont publié en première page des titres racoleurs attribuant l’assassinat à Poutine.

Les médias russes, quant à eux, ont une tout autre histoire à raconter. L’enquête ouverte par la justice pénale russe est prise au sérieux. Les condoléances présentées par Poutine aux familles des victimes de l’avion sont considérées comme sincères. Et comme je l’ai vu dans le talk-show de Vladimir Solovyov il y a deux jours, le doigt accusateur est dirigé vers l’Occident, c’est-à-dire en fait vers les États-Unis, qui sont supposés avoir comploté l’assassinat et l’avoir exécuté soit directement, soit par l’intermédiaire de mandataires.

Qui a donc raison quant aux auteurs de l’assassinat ?

Le principe romain du cui bono qui guide les enquêteurs, n’est pas particulièrement utile dans l’affaire Prigojine. L’homme était un auto-promoteur téméraire qui s’est fait des ennemis partout où il est intervenu. Il a dénoncé publiquement la direction de l’armée russe et l’a ridiculisée. Sa mutinerie d’il y a deux mois et sa marche sur Moscou n’ont pas été une parade : elles ont coûté la vie à 13 militaires russes dont les avions et les hélicoptères ont été abattus par les troupes de Prigojine. Quelles que soient les dispositions du président russe, ces faits assureront l’émergence de patriotes russes décidés à éliminer le chef Wagner de leur propre initiative et à régler leurs comptes personnels avec lui.

Et que dire des ennemis que Prigojine s’est fait à l’étranger ? Il a amassé une immense fortune dans les opérations du groupe Wagner en Afrique, où il a déplacé la présence française au Mali, au grand dam des anciens maîtres coloniaux de Paris, et il devait maintenant profiter de l’expulsion des Français du Niger, et peut-être aussi de celle des Américains. Rappelons que les États-Unis ont investi un demi-milliard de dollars dans des installations militaires et des formations au Niger, et que ces investissements peuvent être annulés à tout moment par les nouveaux dirigeants anticoloniaux du pays.

Pour compléter ces considérations, j’ajoute ici ce que j’ai dit à l’antenne à l’animateur de l’interview de WION en réponse à sa liste des nombreuses figures de l’opposition en Russie qui ont connu une mauvaise fin, y compris bien sûr la journaliste Anna Politkovskaïa, l’homme politique Boris Nemtsov, l’ancien agent du FSB Alexander Litvinenko et bien d’autres encore. Premièrement, il est simpliste de penser qu’un seul homme, Vladimir Poutine, contrôle tout ce qui se passe dans un pays de 145 millions d’habitants qui ont leurs propres intérêts, rancunes, ambitions, etc. Deuxièmement, la liste des « victimes » de la vengeance imaginée par Poutine pour l’avoir croisé ne tient pas compte du sort des nombreux ennemis de Poutine, très visibles et actifs, qu’il n’a touchés en aucune façon, en raison de la parole d’honneur qu’il a donnée à Boris Eltsine lorsqu’il a été nommé comme successeur de ne faire aucun mal à l’entourage d’Eltsine. À titre d’exemple, je peux citer Naina, la veuve d’Eltsine, et le Centre Eltsine d’Ekaterinbourg foncièrement anti-Poutine qu’elle dirige. Il y a aussi la fille de l’ancien maire de Pétersbourg, Sobchak, et la veuve de Sobchak, Ludmilla Narusova, qui sont farouchement anti-Poutine ; toutes deux ont été accusées d’activités criminelles pour lesquelles elles devraient à juste titre purger des peines de prison, mais aucune n’a souffert de quelque manière que ce soit grâce à la protection de Poutine. Il existe de nombreux autres saboteurs notoires, comme Anatoly Chubais, aujourd’hui en exil, qui n’ont été épargnés que parce que Poutine a honoré les promesses faites à son ancien patron. Pourquoi Vladimir Poutine violerait-il aujourd’hui l’engagement qu’il a pris envers le président biélorusse Loukachenko de ne pas toucher à Prigojine lorsqu’ils ont conclu un accord de paix pour mettre fin à la mutinerie ?

Par ailleurs, la liste des « victimes » de la prétendue vengeance de Poutine fournie par l’animateur de WION mérite également d’être remise en question. Je pense en particulier à l’oligarque Boris Berezovsky, une « victime » qui a été retrouvé pendu dans son manoir londonien il y a quelques années. La presse occidentale a accusé Poutine d’avoir ordonné ce « suicide ».  Cependant, il est beaucoup plus probable que le crime ait été commis par le MI6 puisque Berezovsky était connu pour négocier un retour en toute sécurité en Russie avec le FSB lorsqu’il s’est « suicidé ».

Je conclurai en mentionnant un détail qui a été repris par les médias occidentaux sans en explorer la signification au-delà de la valeur apparente qu’ils lui accordent, à savoir le fait que la seule source à ce jour pour expliquer comment l’avion de Prigojine s’est écrasé est… les agences de renseignement américaines dans des divulgations anonymes à la presse. Elles nous disent que l’avion n’a pas été abattu par des missiles sol-air et qu’il a très probablement été détruit par une bombe à bord ou par un autre acte de sabotage. Curieusement, personne n’a pris la peine de demander pourquoi les États-Unis s’intéressaient tant aux détails de l’assassinat.

Wer hat Jewgeni Prigoschin getötet?

Gestern war ich einer von einem halben Dutzend Experten für Russland und internationale Angelegenheiten, die in Live-Übertragungen des indischen Fernsehens WION im Rahmen der ausführlichen Berichterstattung des Senders über den Tod des Eigentümers der Wagner-Gruppe Jewgeni Prigoschin bei einem Flugzeugabsturz interviewt wurden. Viele dieser Interviews sind im Internet veröffentlicht worden. Meines ist hier verfügbar: https://www.youtube.com/watch?v=1xhkw9m2zvc

Ich schreibe jetzt, um auf die Argumentation aufmerksam zu machen, die der WION-Reportage über Prigoschin zugrunde liegt, nämlich die Annahme, dass der russische Präsident Wladimir Putin hinter der Ermordung Prigoschins steckt. Dies ergibt sich aus der Logik (?), die US-Präsident Joe Biden kurz zum Ausdruck brachte, als er von Reportern nach seiner Reaktion auf das Ableben von Prigoschin gefragt wurde. Er sagte: “Es gibt nicht viel, was in Russland ohne die Beteiligung von Wladimir Putin vor sich geht.” Aus der Logik des WION-Nachrichtensprechers ergibt sich auch, dass alle, die Putin über den Weg gelaufen sind, ein jämmerliches Ende gefunden haben.

Mit dieser Annahme, dass Putin für die Ermordung verantwortlich sei, lag WION ganz auf der Linie der überwältigenden Mehrheit der westlichen Mainstream-Medien. Boulevardzeitungen in Großbritannien, Deutschland und anderswo haben mit reißerischen Schlagzeilen den Mord Putin in die Schuhe geschoben.

Die russischen Medien berichten jedoch eine ganz andere Geschichte. Die Ermittlungen, die die russischen Strafverfolgungsbehörden in diesem Fall eingeleitet haben, werden ernst genommen. Die Beileidsbekundungen Putins gegenüber den Familien der Todesopfer im Flugzeug werden als aufrichtig empfunden. Und wie ich vor zwei Tagen in der Talkshow von Wladimir Solowjow gesehen habe, richtet sich der anklagende Finger auf den Westen, d.h. auf die Vereinigten Staaten, von denen man annimmt, dass sie das Attentat geplant und entweder direkt oder über Mittelsmänner ausgeführt haben.

Wer hat also Recht mit den Urhebern des Attentats?

Der römische Grundsatz cui bono, von dem sich die Ermittler leiten lassen, ist im Fall Prigoschin nicht besonders hilfreich. Der Mann war ein aufbrausender Selbstdarsteller, der sich überall, wo er auftrat, Feinde machte. Er prangerte die russische Armeeführung öffentlich an und machte sie lächerlich. Seine Meuterei vor zwei Monaten und sein Marsch auf Moskau waren keine Parade: Sie kosteten 13 russischen Soldaten das Leben, deren Flugzeuge und Hubschrauber Prigoschins Truppen abgeschossen hatten. Wie auch immer der russische Präsident dazu stehen mag, diese Tatsachen würden dafür sorgen, dass russische Patrioten auftauchen, die den Wagner-Chef aus eigenem Antrieb beseitigen und ihre persönliche Rechnung mit ihm begleichen wollen.

Und was ist mit den Feinden, die sich Prigoschin im Ausland gemacht hat? Er hat ein riesiges Vermögen bei den Operationen der Wagner-Gruppe in Afrika angehäuft, wo er zum Leidwesen der alten Kolonialherren in Paris die französische Präsenz in Mali verdrängt hat, und nun sollte er von der Vertreibung der Franzosen aus Niger profitieren, und möglicherweise auch von der Vertreibung der Amerikaner. Es sei daran erinnert, dass die Vereinigten Staaten eine halbe Milliarde Dollar in Militäreinrichtungen und Ausbildungsmaßnahmen in Niger investiert haben, die nun jeden Moment von den neuen antikolonialen Herren des Landes gekippt werden können.

Zu diesen Überlegungen füge ich hier hinzu, was ich dem Moderator des WION-Interviews in der Sendung als Antwort auf seine Aufzählung der vielen Oppositionellen in Russland gesagt habe, die ein böses Ende genommen haben, darunter natürlich die Journalistin Anna Politkowskaja, der Politiker Boris Nemzow, der ehemalige FSB-Agent Alexander Litwinenko und andere. Erstens ist es zu einfach zu glauben, dass ein einziger Mann, Wladimir Putin, die volle Kontrolle über alles hat, was in einem Land mit 145 Millionen Einwohnern passiert, die ihre eigenen Interessen, ihren eigenen Groll, ihre eigenen Ambitionen usw. haben. Zweitens berücksichtigt die Liste der “Opfer” von Putins imaginärer Rache dafür, dass sie sich quer gestellt haben, nicht das Schicksal der vielen sehr sichtbaren und aktiven Putin-Hasser, die er in keiner Weise angetastet hat, weil er Boris Jelzin bei seiner Ernennung zum Nachfolger das Ehrenwort gegeben hat, der Jelzin-Entourage keinen Schaden zuzufügen. Als Beispiel kann ich Jelzins Witwe Naina und das von ihr geleitete, bösartig gegen Putin gerichtete Jelzin-Zentrum in Jekaterinburg nennen. Dann gibt es noch die bösartige Anti-Putin-Tochter des ehemaligen Petersburger Bürgermeisters Sobtschak und Sobtschaks Witwe, Ljudmila Narusowa; beide wurden krimineller Handlungen beschuldigt, für die sie eigentlich Gefängnisstrafen verbüßen müssten, aber dank Putins Schutz hat keine von ihnen in irgendeiner Weise gelitten. Es gibt viele andere auffällige Saboteure, wie den inzwischen ins Exil gegangenen Anatoli Tschubais, die nur dank Putins Einhalten seiner Versprechen gegenüber seinem früheren Chef verschont wurden. Warum sollte Wladimir Putin jetzt das Versprechen brechen, das er dem belarussischen Präsidenten Lukaschenko gegeben hatte, Prigoschin nicht anzurühren, als sie ein Friedensabkommen zur Beendigung der Meuterei schlossen?

Aber auch die Liste der “Opfer” von Putins angeblichen Rachegelüsten, die der WION-Moderator aufzählt, muss in Frage gestellt werden. Ich denke dabei insbesondere an das “Opfer”, den Oligarchen Boris Beresowski, der vor einigen Jahren erhängt in seiner Londoner Villa aufgefunden wurde. Die westliche Presse wies und weist auf Putin als Auftraggeber des “Selbstmords” hin. Es ist jedoch viel wahrscheinlicher, dass das Verbrechen vom MI6 begangen wurde, da bekannt war, dass Beresowski mit dem FSB über eine sichere Rückkehr nach Russland verhandelte, als er “Selbstmord” beging.

Ich schließe mit der Erwähnung eines Details, das von den westlichen Medien übernommen wurde, ohne zu untersuchen, was es über den Nennwert hinaus bedeutet, den sie ihm geben: nämlich die Tatsache, dass die einzige Quelle für die Erklärung des Absturzes von Prigoschins Flugzeug bisher … US-Geheimdienste in anonymen Mitteilungen an die Presse sind. Sie sagen uns, dass das Flugzeug nicht durch Boden-Luft-Raketen abgeschossen wurde und dass es sehr wahrscheinlich durch eine Bombe an Bord oder andere Sabotageakte zerstört wurde. Seltsamerweise hat sich niemand die Mühe gemacht zu fragen, warum die Vereinigten Staaten so sehr an den Details des Attentats interessiert waren.